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  • : Le blog de martin.outmanns.over-blog.com
  • : Mon blog raconte essentiellement la pratique de mon sport, le cyclisme ou plutôt le cyclosport.
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20 août 2010 5 20 /08 /août /2010 11:21

  ccv

  

C’est mon grand défi de l’année : 187 km, 6052 m de dénivelé, 4 ascensions du Ventoux. Ca sera pour moi la sortie la plus difficile de toute mon existence.

Avant de vous partager mon aventure sur le géant de Provence, il me semble opportun de commencer par la genèse d’un tel projet.

ventoux.jpgTout d’abord il faut un brin de folie pour avoir envie de réaliser un tel défi. Ce n’est pas pour rien que l’on appelle « cinglés du Ventoux », les cyclos réalisant les 3 ascensions asphaltées du Ventoux.

Ca fait 2 ans que j’ai envie de réaliser cette folie. J’ai pris conscience que j’en étais capable après avoir boucler ma première Marmotte. Cette erreur géologique (Mont Ventoux) située entre les massifs Alpins et Pyrénéens, m’a toujours fasciné, je l’ai escaladé à plusieurs reprises, par ses trois côtés. Cette fascination vient probablement de sa difficulté, de sa localisation en Provence, de son sommet lunaire,…Et puis le Ventoux est un peu la montagne des belges à l’instar de l’Alpe d’Huez pour les hollandais.

L’année dernière j’avais déjà voulu devenir cinglé du Ventoux. Cécile étant enceinte, je me voyais mal la laisser seule à l’hôtel durant toute une journée. Je m’étais donc contenté d’une seule ascension par Bédouin. L’annonce du WE Ventoux avec le CCW était l’occasion pour moi de relever ce défi.

Ce défi est même devenu au fil du temps de plus en plus ambitieux. En consultant le site Internet des cinglés du Ventoux, j’ai pu confirmé l’existence d’une 4ème ascension (la forêt de cèdre appelée également la route forestière).  Certes caillouteuse, mais différentes sources d’information me confirmaient que l’on peut passer par là avec un vélo de route. De plus, le dénivelé total des cinglés (4443 m) est inférieur à celui de la Marmotte (5000 m). J’avais envie de faire encore plus dur. J’ai donc opté pour les galériens du Ventoux. J’ai failli revenir à l’option cinglé suite à mon ascension de l’Alpe d’Huez lors de la Marmotte. Le manque de motivation, suite à ma casse mécanique, altérait probablement mon jugement. Une semaine après, j’étais définitivement décidé : ce sera les galériens.

Il ne reste plus qu’à choisir l’ordre des ascensions. Notre hôtel étant « L’abri du Ventoux » à Malaucène, je débuterai par là. Ensuite, j’irai une première fois à Bédouin pour gravir le côté asphalté le plus difficile (la « tactique » est simple, faire ses deux premières ascensions au cardio). J’enchaînerai ensuite par la montée par Sault. J’ai décidé de terminer par l’ascension de la route forestière, je pense être plus philosophe en cas de crevaison lors d’une dernière ascension et cette éventuelle crevaison me permettrait de souffler quelques instants.

Côté matos, j’ai opté pour mes Mavic Ksyrium avec deux pneu Continental GP4000 neufs et la cassette Tisso de montagne (12-29). Je l’appelle aussi ma cassette de cyclo vu la présence du 29. Je ne l’ai jamais regrettée, je préfère monter un col en tournant les jambes plus vite plutôt qu’en devant trop forcer.

On reste 2 jours sur place, je pensais faire un décrassage le premier jour et les galériens le second mais la majorité des cyclos s’attaque aux cinglés le premier jour. Je me rallierai donc à la majorité.

J’ai prévu de partir à 6h30. Mais à mon réveil, l’orage gronde, il pleut. Ca commence mal… Je postpose mon départ de quart d’heure en quart d’heure. J’hésite même à reporter ma tentative au lendemain. Finalement, je me décide à partir, j’avale mon gatosport. Je quitte l’hôtel, le premier, j’ai une ascension  en plus à faire, je préfère donc avoir un peu d’avance.

Je quitte l’hôtel en direction de Vaison la romaine afin de m’échauffer 10 minutes avant de commencer. La route est détrempée mais il ne pleut plus. On n’aperçoit pas le sommet qui est dans le brouillard.

 

Malaucène

 

 Malaucene.gifJ’entame mon défi, il n’y a personne sur la route, j’ai du voir 3 voitures sur l’ensemble de l’ascension. C’est le côté le plus irrégulier, c’est aussi sur cette face que l’on retrouve les pourcentages les plus élevés ( > 11%). Je joue beaucoup du dérailleur pour rester au alentour de 70 tours/min. J’ai juste un peu hésité la première fois que j’ai passé le 29. Mais comme la journée sera longue, je préfère me préserver. Au bout de quelques Km, je rattrape Lio, puis Laurent qui sont partis lors de mon échauffement. J’en profite pour féliciter Lio qui malgré un manque de préparation deviendra cinglé du Ventoux quelques heures plus tard.

J’avais un mauvais souvenir de ma dernière ascension de Malaucène, à l’époque je n’étais pas suffisamment entraîné et j’avais vraiment souffert dans les pourcentages les plus forts. Cette fois-ci, je passe cette portion sans encombre. J’en profite même pour réaliser cette première vidéo. Veillez excuser la mauvaise qualité des images, mais vu les 6000 m de dénivelé, j’ai fait l’économie du poids de mon appareil photo. Je me suis donc filmé avec mon portable. Tant que suis dans les excuses, je suis désolé mais les diverses vidéos présentent dans cet article parlent beaucoup de météo… C’était effectivement une de mes préoccupations majeures ce jour là.

 

 

Peu après, je passe au chalet Liotard. Juste après, je rentre dans le brouillard. Je jette un coup d’œil sur la sortie de la route forestière en espérant en sortir sans encombre en fin de journée. Le brouillard se fait de plus en plus dense.

J’arrive au sommet de ma première ascension en 1h48 (11.7 km/h et 151 puls en moyenne). Il n’y personne au sommet, la boutique n’est pas encore ouverte. Comme il ne fait que 11°C, je décide de poursuivre ma route sans m’arrêter.

J’entame ma descente, on ne voit pas à 100m. Je me félicite d’être passé par ici la semaine avant afin de me remémorer non seulement l’ascension par Bédouin mais surtout la descente. Après 1 ou 2 Km, je me retrouve dans un troupeau de… moutons qui descendent eux aussi par la route. Je pense qu’ils doivent certainement avoir plus l’habitude de voir des vélos que moi de traverser un troupeau… Je poursuis ma descente. Après le chalet Reynard, je sors enfin du brouillard. J’ai froid, j’ai hâte d’être en bas et d’attaquer ma seconde montée afin de me réchauffer.

Juste avant d’arriver au virage de Saint Estève, je chantonne, je suis content d’être en bas. Mais ce virage va marquer un tournant dans ma tentative… Bardaf, c’est l’embardée… Je prends un billet de parterre. Ca fait quasiment deux ans que je ne suis plus tombé et c’est aujourd’hui que ça arrive. J’avais oublié comme ça surprend (20 puls en plus, à cause de la chute). Je fais l’état des lieux. Je commence par voir si je n’ai rien de cassé,… tout à l’air OK. J’ai des plaies sur tout le flan droit, un hématome au coude et en tombant le guidon a retourné mon pouce gauche. Ca fait mal, mais je décide de poursuivre… Je me dis que mes grands défis sont pourris (casse mécanique à la marmotte et chute ici).

Je poursuis l’état des lieux par l’analyse des dégâts de mon vélo… Le dérailleur est plié, la manette droite aussi. Je vais devoir réparer tout ça à Bédouin. Heureusement mon beau cuissard X-bionic a résisté.

Une fois à Bédouin, je confie mon vélo au magasin de vélo à côté du rond point marquant le départ de l’ascension. Ca me coûtera 25 € pour moins de 5 minutes de travail… C’est assez rentable pour eux, mais moi ça me permet de continuer. Pendant ce temps, je passe à la pharmacie pour désinfecter mes plaies.

 

 

Bédouin

bedouin.gif

Au bout d’une vingtaine de minutes, je peux reprendre la route. Je croise une première fois Sébastien, tout va bien pour lui, je l’informe de ma chute et continue ma route. Cette journée va être rythmée par ces rencontres de mes camarades de club réalisant les cinglés du Ventoux. Ca permet de se sentir un peu moins seul.

 

 

 

Me revoici de retour dans cette épingle qui me fût préjudiciable une heure plus tôt, j’aperçois une trace de sang sur la route…

C’est parti pour environ 9 Km entre 8 et 10 %, sans aucun répit. Une fois de retour dans la forêt, la route redevient humide. Je profite d’avoir eu Sébastien au téléphone pour réaliser cette vidéo.

 

 

 

1282322361_400_400_1_883aab4504e9f1f81534d75631668834.jpgJe monte toujours en surveillant mon cardio. Peu avant le chalet Reynard, je dépasse un couple avec un enfant à l’arrière du vélo. Il faut être fou pour monter 4 fois le Ventoux, mais je crois que c’est encore plus fou de monter avec autant de poids…

Je profite des quelques mètres de « plat » à hauteur du chalet Reynard pour me ravitailler avant de gravir les 7 derniers Km. Ceux-ci sont toujours plongés dans le brouillard. Celui-ci s’intensifie au fur et ma mesure de ma progression. Une fois au sommet, je constate qu’il n’y a toujours pas grand monde, mais la boutique est ouverte. J’en profite pour remplir mes bidons et faire tamponner ma carte de passage. I20_0446.jpg

La descente se passera heureusement sans encombre. Elle fût même presque agréable, surtout vers la fin. Il faisait tout de même encore assez frais au sommet (13°C), la température augmentant jusqu’à 23°C à Sault. Quelques Km avant d’en terminer avec cette descente, j’ai été envahi par une odeur de lavande, enfin un peu de douceur… Il faut préciser que Sault est la capitale de la Lavande (du lavandin pour les puristes).

J’appréhendais la fin de cette descente, marquée par une… montée. La route du Ventoux descend jusqu’à un petit pont au dessus de la Nesque. Après celui-ci, il faut remonter à Sault. J’avais eu beaucoup de mal en 2005 dans cette côte. Mais cette fois-ci pas de souci. Il faut dire que je commence à avoir faim et que le pique-nique est prévu à Sault.

Je commande un jambon beurre, m’étire un peu, rempli mes bidons, je « déguste » mon sandwich,… Je suis prêt pour mes deux dernières montées. Avant de repartir, je réalise une nouvelle vidéo :

 

 

Sault

 

 

Sault.gifC’est le côté, le plus facile, un peu moins prestigieux, mais ça reste tout de même le Ventoux. On dit même que c’est le côté des féminines et des aînés… A l’entrée de la forêt, je croise le Klein, j’en profite pour faire une pause sanitaire, j’ai bu plus d’un litre à Sault, il faut bien s’alléger un peu. Un peu plus loin, je croiserai Alain, Matthieu et leurs acolytes Liégeois ainsi que Maurice. Il n’y pas grand monde sur cette face-ci. Les 2,3 Km précédent le chalet Reynard sont relativement plat. C’est au début de cette partie que je croise les 2 futurs « cinglés » suivant (Yves et Jean-Nicolas), je refais une pause sanitaire… On s’encourage mutuellement et chacun reprend sa route.

Après le chalet Reynard, je gère la fin de mon ascension. Il y a un peu plus de vent que ce matin mais j’ai déjà connu pire ici. Au sommet, je ne prends même pas la peine de m’arrêter, la ligne une fois franchie, je fais demi-tour et redescend vers Bédouin.

Ca y est, je suis un « cinglé » du Ventoux… Mais je ne peux pas encore le fêter, il me reste encore une « galère » à vivre.

 

J’entame la descente avec Lio, qui lui va vers Sault, il montera sa dernière ascension au courage… Encore une fois, bravo a lui. Cette fois-ci, la descente se passe sans encombre.

 

Je passe à la fontaine pour remplir mes bidons et manger une barre de céréales

   

 

 

ROUTE FORESTIERE

4eme-ventoux.gifJ’entame ma dernière montée, il fait nettement plus chaud (35°C).

 

 

 

Sur le « faut plat » avant le virage de Saint-Estève, je suis rattrapé par un autre cyclo, il m’oblige à faire une petite accélération afin de réaliser la vidéo suivante :

 

 

 

Il est interloqué par mon défi, on papotera ensemble jusqu’à l’entrée de la route forestière.

Route forestière dont je ne sais toujours pas ou en est l’entrée, malgré mes multiples passages. La semaine passée je discutais avec un autre cyclo à cet endroit et lors de mon ascension par Bédouin, j’étais concentré sur mes plaies et en train de téléphoner, du coup je l’ai loupé. Je sais tout de même que je dois tourner à gauche 8 Km après Bédouin…

Malheureusement, je ne la louperai pas… Je fais une petite parenthèse pour les internautes arrivés sur ce blog par l'intermédiaire d'un moteur de recherche en ayant tapé "galériens du Ventoux" et qui projettent de relever ce défi... Lisez attentivement ce qui suit... Si malgré tout vous décidé de devenir à votre tour galérien, alors vous avez tout mes encouragements.

 

Me voici donc sur la RF, au début, ça va, la pente est raisonnable et il reste une bande d'asphalte. Puis au fur et à mesure de ma progression, cette bande devient intermittente, puis elle disparaît complètement avant de revenir pour les 2 ou 3 derniers Km. Il y a quelques passages au milieu où l'on retrouve à nouveau une bande d'asphalte sur le côté droit de la route, mais celle-ci est inexploitable car elle est recouverte de gros cailloux blanc ayant dévalés du sommet. Pour corser le tout, j'ai l'impression que plus la route est en mauvais état et plus la pente est sévère.

 

Photo0025.jpgJe suis donc obligé de rouler dans la caillasse. Il n'y a aucun rendement, ça glisse. La roue arrière patine, la roue avant saute. Il faut constamment choisir sa trajectoire. Je pense que 3 coups de pédales équivalent à 2 sur une route en bon état. C'est une débauche d'énergie pour vaincre ce mauvais revêtement.

 

Je ne parle même pas des mouches qui se régale de ma sueur et surtout de mes plaies... Photo0024.jpg

 

En cherchant bien on peut arriver à trouver 1 ou 2 point positifs à cette route. Tout d'abords, la solitude, c'est rare de monter le Ventoux seul. Mais à vrai dire c'est aussi un peu angoissant. Je me suis dit deux ou trois fois : "s'il m'arrive quelque chose ici, qui va venir me chercher?..." Il y a tout de même un vrai point positif, ce sont les quelques points de vue que l'on a sur la vallée et la découverte d'une autre façon d'escalader le Ventoux... Mais est-ce que ça vaut toutes les souffrances endurées...

 

La RF, ce n'est plus du cyclisme, c'est un peu le Dakar. Il n'y a même pas moyen de boire sans s'arrêter tellement que le vélo saute... Je profite de l'un de mes arrêts pour réaliser cette vidéo.

  

 

 

Coup de pédale après coup de pédale, je fini par arriver sur un replat et je récupère une bandelette d'asphalte et puis c'est la délivrance, je retrouve la route de Malaucène, plus que 5 Km d'ASPHALTE et je serais Galérien. Mais rien de tel qu'une vidéo pour mieux comprendre le bonheur que j'ai éprouvé en quittant la RF.

 

 

Les multiples crevaisons que l'on m'avait promises ne se sont finalement pas produites. Malgré ma chute, je ne regrette pas d'avoir "chaussé" des GP 4000 neuf.

 

Ensuite, il me reste à gravir à nouveau les derniers Km de Malaucène. Mais cette fois le soleil est présent, comme s'il voulait me féliciter d'en terminer. Lors du dernier Km, je ressens une énorme émotion m'envahir. Je suis obligé de la contenir jusqu'au sommet sous peine de devoir m'arrêter. A force d'avoir retenu cette émotion, elle va tarder à revenir... Je suis content de moi mais ce n'est pas encore l'extase... Je vais chercher de l'eau, puis je m'isole. Assis sur la caillasse qui vient de me faire tant souffrir, je me laisse envahir par cette fameuse émotion... C'est un instant magique...Impossible de retenir mes larmes, je pleure de bonheur. C'est une émotion que les marathoniens connaissent bien et tout ceux qui sont allé au bout d'un objectif ambitieux. A chaque fois que je repense à cet instant, il m'est impossible de cacher cette émotion qui m'envahi à nouveau.

 

La vidéo ci-dessous permet de figer une partie de cet instant magique, j'ai longtemps hésité à la publier. J'ai l'impression que ça fait partie de mon intimité...

 

http://www.dailymotion.com/video/xel3rk_galerien0011_sport

 

Après la séquence émotion, place au chiffre...

 

 

    Temps Vitesse Pulsation 
GALERIEN   Ascension dép-chalet rf Chalet-sommet Descente Moy Moy
20/08/2010 Malaucène 1:48:06 1:17:43   0:30:23 0:27:45 11,7 151
20/08/2010 Bédouin 1:53:18 1:19:03   0:34:15 0:36:21 11,4 156
20/08/2010 Sault 1:46:06 1:14:08   0:31:58 0:26:55 13,8 151
20/08/2010 RF 2:13:53 0:37:01 1:05:37 0:31:15 0:29:30 10,8 153
    7:41:23       2:00:31    

 

  profil.JPG

 

  carte-controle-galerien-1.JPGcarte-controle-galerien-2.JPG

 

 

 

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